C'est déjà un souvenir.

Publié le par michèle Amiel

Cela fait déjà plus d'un mois que le Tout-Moulery , autant dire tout le Moulery s'est réuni pour dire au revoir à Réal . Cela fait plus d'un mois que les photos sont prises, rangées dans un fichier, et attendent . De la procrastination? Non, l'impossibilité de traiter cette actualité trop à chaud. Il faut adoucir les faits avec le temps qui passe; trop de bonheur, trop de nostalgie, c'est indicible.

En fait, depuis quelques jours, une agitation joyeuse monte et descend les deux seules rues du hameau.

" Qui m'aide à ranger les tables sous les arbres?

- Michèle, as-tu assez de couverts?

- Aurons-nous des verres en suffisance , pas question de boire du bon vin dans des gobelets en plastique..."

"As-tu pensé à inviter Léon? Nicole, tu t'en occupes?

-Michèle, les photocopies de la chanson pour Réal..."

La confection du menu a justifié à elle seule quelques bons moments d'apéritifs où se font, défont, refont la liste des plats. Quelques bouteilles de vin plus tard nous arrivons à :

- une tarte aux orties et aux escargots de Nicole

- une salade au fromage blanc et aux concombres d'Adeline

-des petits roulés au jambon de Nicole

- une somptueuse salade de pâtes multicolores de Gérard ainsi qu'un délicat plat de joues de boeuf en gelée à la badiane

- les salades de chou de Chantal

- les croquantes salades vertes d'Elie et Violette

- des fromages

- des tartes de Claudine

-des mousses aux chocolat

- le gâteau Georges Mardikian de Mireille (mais qui c'est, ce Georges Mardikian?)

et toujours , ces crus délicats ou puissants...Les bouteilles de champagne à rafraichir dans la glace, les crus puissants qu'il faudra mettre à l'ombre.

Le 24 juin, un dimanche radieux et chaud, le jardin de Chantal s'ouvre à midi pour les 27 invités , les portes et les volets bleus lavande lui donnent un air de Méditerranée, un air de "Treille muscate" aurait écrit Colette.

C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.

On installe Réal de force dans un fauteuil : c'est le concert de la chorale improvisée qui entonne un texte composé par Nicole sur l'air de "Les petits souliers" de Félix Leclerc.

"Bien sûr si aujourd’hui

Nous sommes tous réunis,

C’est pour dire au revoir

A notre Réal ami.

Il est grand par la taille

Mais par le cœur aussi :

Fais-y une petite place

Pour y mettre tes amis."

Pour une fois, le verbo-moteur a le bec cloué , les yeux accrochés à la joyeuse bande qui chante aussi faux que fort. Peut-être un soupçon de larmes ?

C'est déjà un souvenir.

Et ça mange, et ça parle, ça tombe dans les bras les uns des autres...et cela recommence sans se lasser....

C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.

Réal est partout : qu'ont-ils donc à se dire, qu'ont-ils donc à lui dire ? Tu pars au loin, mais tu restes un des nôtres, toi qui a su t'intéresser à chacun de nous et trouver le chemin de nos coeurs. Comment ferons-nous sans toi qui avais pris l'habitude au moment du café ou de l'apéritif, de t'installer toujours dans le même fauteuil, souriant et plein d'attente ? Nous t'attendions chaque jour, soit pour donner ton avis sur un vin que tu venais de découvrir, ou faire une étude comparée d'eaux de vie , ou te lancer dans une discussion sur le bonheur....Qui va réagir comme toi, plein d'une colère théâtrale à l'invocation de la reine d'Angleterre ...et du Canada? Nous ne savions pas s'il fallait rire ou aquiescer pour ne pas te fâcher.

C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.

Gérard-André caresse sa guitare et l'air se met à vibrer...

C'est déjà un souvenir.

Réal se laisse aller aux plaisirs du palais, rien ne sera oublié, pas même les fonds de jatte de mousse au chocolat . Jusqu'au bout de tout.

C'est déjà un souvenir.
C'est déjà un souvenir.

Et cela jusqu'à 22 heures, de conversations languissantes en délires renouvelés, de plaisanteries en récits nostalgiques, jusqu'à la création de l'association "le Réal de Moulery" . Nous avons du mal à quitter ce jardin bleu, dans la délicate lumière de la nuit qui vient, nous avons surtout beaucoup de mal à nous séparer.

Réal, que ces souvenirs te tiennent chaud lors de la longue nuit québécoise. Qu'ils te rappellent la promesse d'une amitié profonde. Les mots et les images cachent les sentiments qui ne peuvent pas s'exprimer.

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R
Merci, Merci et encore mille merci<br /> Réal XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
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